Qu’est ce que l’endométriose et quelles sont les prises en charge ?
Prise en charge de l’endométriose à la Polyclinique de l’Ormeau
GENERALITES ET DEFINITION :
L’endométriose est une maladie gynécologique inflammatoire, qui concerne environ une femme sur 10, en âge de procréer.
Elle se définit par la présence de glandes endométriales en dehors de l’utérus et le résultat d’une association de plusieurs facteurs génétiques, environnementaux et des facteurs liés à la menstruation.
Différents organes peuvent être touchés par la maladie, et en particulier, les organes du pelvis (appareil génital, appareil urinaire, et appareil digestif).
La maladie peut provoquer des douleurs parfois invalidantes, notamment au moment des règles, mais elle peut aussi rester asymptomatique.
Dans environ 1/3 des cas, elle est par ailleurs associée à une infertilité.
Pour améliorer la prise en charge des patientes qui en souffrent, des filières de soins ont été mises en place avec des réseaux au niveau régional, pour traiter chaque patiente d’une manière adaptée à sa maladie.
Notre équipe, à la Polyclinique de l’Ormeau, fait partie du réseau « Endoccitanie » et travaille avec les différents acteurs de Centre de la Santé pour améliorer la qualité de vie des patientes atteintes d’endométriose, et pour les suivre dans les différentes étapes de leur traitement.
COMPRENDRE L’ENDOMETRIOSE :
L’endométriose survient chez des femmes en âge de procréer, parfois dès la puberté.
Cette maladie se caractérise par la présence anormale des fragments semblables à la muqueuse utérine (endomètre) en dehors de l’utérus :
– sur les ovaires dans 50 % des cas (endométriome),
– au niveau des trompes, au niveau des ligaments utérins, en particulier les ligaments utéro-sacrés,
– au niveau de la paroi du rectum, du vagin, de la vessie ainsi qu’au niveau du péritoine.
Ces lésions d’endométriose sont composées de cellules qui présentent les mêmes caractéristiques que les cellules de la muqueuse utérine et qui réagissent aux hormones ovariennes (œstrogènes et progestérones) et à chaque cycle menstruel, ces lésions se développent et saignent. C’est pourquoi l’endométriose est une maladie hormono-dépendante.
EVOLUTION DE L’ENDOMETRIOSE :
Les données ne sont pas en faveur d’une progression de l’endométriose au fil du temps, que ce soit en termes de volume ou de nombre de lésions.
Cela n’empêche que ces patientes doivent être traitées et surveillées à long terme, pour adapter le traitement à chaque période de la vie d’une femme.
Il n’y a pas lieu de faire un dépistage de l’endométriose dans la population générale, ni même dans le cas de facteurs de risques chez les patientes avec des cycles douloureux, mais il faut traiter chaque patiente d’une manière individualisée et personnalisée.
Il n’y a pas lieu à faire une recherche systématique de cancer de l’ovaire chez ces patientes atteintes d’endométriose.
QUELLES SONT LES DIFFERENTES FORMES DE LA MALADIE ET LES LOCALISATIONS ?
Selon la Haute Autorité de Santé, le Collège National des Gynécologues-Obstétriciens en France, 3 formes d’endométriose sont maintenant décrites et admises :
1/ L’endométriose superficielle est caractérisée par la présence des fragments de l’endomètre localisés à la surface du péritoine.
2/ L’endométriose ovarienne qui correspond à la présence de lésions qui vont conduire à la formation des kystes ovariens qu’on appelle endométriome.
3/ L’endométriose pelvienne, profonde qui correspond, elle, à la présence des lésions très localisées et en profondeur et qui peut toucher en particulier les ligaments utérins et surtout les ligaments utéro-sacrés, ainsi que l’intestin, le rectum et le sigmoïde, le vagin, les uretères.
D’autres organes peuvent être touchés, comme le colon, l’appendice et l’iléon terminal.
Il existe des formes rares d’endométriose extra-pelvienne, qui touche en particulier le diaphragme et le thorax.
Il existe deux notions importantes à comprendre : il n’y a pas de corrélation entre le type d’endométriose et l’intensité de la douleur.
L’adénomyose est une forme d’endométriose interne à l’utérus. Les femmes qui sont atteintes d’adénomyose présentent des cellules de l’endomètre qui infiltrent le myomètre (muscle utérin), ce qui provoque des saignements importants et des douleurs avec des spasmes utérins.
PRISE EN CHARGE DE L’ENDOMETRIOSE PAR LES FILIERES DE SOINS :
Il existe 3 niveaux de prise en charge :
Les examens de première intention : ces examens peuvent être faits par un médecin généraliste, une sage-femme ou un gynécologue généraliste.
Cette première prise en charge peut correspondre à un examen clinique gynécologique, probablement associé à une échographie pelvienne de première intention.
Au Centre de Recours de niveau II : dans ces centres, il existe des médecins experts de l’endométriose qui réalisent un examen pelvien orienté avec une recherche d’endométriose profonde, au niveau de l’appareil génital, au niveau de l’intestin, ou de l’appareil urinaire.
Cet examen clinique est complété par une échographie endovaginale par un échographiste référent de l’endométriose et/ou par une IRM pelvienne qui sera interprétée par un radiologue référent de l’endométriose.
Ces centres de deuxième recours participent à des réunions multidisciplinaires avec différentes spécialités pour discuter et définir une stratégie thérapeutique pour chaque patiente suivant sa maladie et sa symptomatologie, ainsi que son projet de maternité.
Les examens de troisième intention ou les Centres de Recours niveau III : dans ces centres, il existe des spécialistes qui s’occupent des formes complexes de l’endométriose, en particulier de l’endométriose recto-sigmoïdienne, avec des examens spécifiques pour déterminer la profondeur de l’infiltration au niveau digestif et prévoir la prise en charge adéquate de ces patientes ; explorer une endométriose urinaire et en particulier vésicale et urétérale.
Ces localisations seront discutées avec des urologues spécialisés pour l’endométriose.
TRAITEMENT DE L’ENDOMETRIOSE – Les traitements hormonaux dans la prise en charge de l’endométriose douloureuse
Les traitements hormonaux de première intention pour la prise en charge de l’endométriose sont :
La contraception orale par une pilule oestro-progestative ou micro-progestative, ou DIENOGEST 2 mg,
La mise en place d’un dispositif intra-utérin (stérilet) à base de LEVONORGESTREL à
52 mg,
Le but de ces traitements est de réaliser une aménorrhée complète, c’est-à-dire de couper les règles des patientes pour soulager la douleur.
– d’autres traitements peuvent être proposés par un implant à l’ETONOGESTREL (NEXPLANON),
-un traitement par blocage de l’axe hypophysaire par les analogues de la GN-RH.
TRAITEMENT DE LA DOULEUR DANS L’ENDOMETRIOSE :
Le traitement de la douleur s’applique à l’ensemble des patientes ayant une endométriose douloureuse, après évaluation globale de la douleur et son retentissement.
Le traitement le plus prescrit est à base d’anti-inflammatoires non-stéroïdiens (AINS), qu’il faudra éviter de prendre au long cours en raison d’effets secondaires importants gastriques et rénaux.
Les autres traitements de la douleur sont le PARACETAMOL, la CODEÏNE et le TRAMADOL sont à utiliser avec beaucoup de précautions. En cas de suspicion d’une douleur d’origine neuropathique, il faudra proposer un traitement spécifique.
OPTIONS THERAPEUTIQUES NON MEDICAMENTEUSES :
Les prises en charge non médicamenteuses qui ont montré une amélioration de la qualité de vie et qui peuvent être proposées en complément de la prise en charge médicale de l’endométriose sont :
- l’acupuncture,
- l’ostéopathie,
- le yoga.